Michaël Fribourg, Chargeur : «Mon ambition est de faire de Chargeurs l’un des 40 plus grands groupes français à l’horizon 2030»

Le groupe a modifié son organisation pour lui permettre d’atteindre ses objectifs stratégiques d’ici 2025 et d’en faire l’un des 40 plus grands groupes français à l’horizon 2030. Les explications de Michaël Fribourg, Président directeur général de Chargeur.

Michaël Fribourg, 40 ans, est multidiplômé (École Normale Supérieure, IEP Paris, ENA, DEA de philosophie et d’économie). Il a débuté sa carrière en cabinet ministériel en 2005-2006 auprès du ministre des PME et du Commerce.  En 2015, son holding Colombus Holding a racheté les parts des actionnaires de référence de Chargeurs. 

Fin juillet, vous avez annoncé une modification de l’organisation de Chargeurs, désormais structuré en trois pôles d’activités : technologies, luxe et diversification. Pourquoi cette transformation ?
Michaël Fribourg :
 Cette nouvelle organisation montre que Chargeurs concilie réinvention et performance. Nous mettons l’accent sur les grandes forces stratégiques et opérationnelles de l’entreprise. Aujourd’hui, Chargeurs est dédié aux produits et services d’excellence, dans les technologies et le luxe. C’est aussi le fruit d’une maturité dans l’évolution du modèle de Chargeurs.

Notre portefeuille compte dorénavant plusieurs champions mondiaux : Chargeurs Advanced Materials pour la protection de matériaux haut de gamme, Chargeurs PCC Fashion Technologies pour les textiles techniques, Chargeurs Museum Studio pour les services aux musées. Notre potentiel de croissance est structurellement plus élevé qu’avant la pandémie. Notre réorganisation va aussi nous permettre de mettre davantage l’accent sur les mutations environnementales et digitales de nos métiers.

Pricing power

Attendez-vous de la nouvelle physionomie du groupe une accélération de sa croissance et de ses résultats ?
Michaël Fribourg : 
Nous allons en tirer le maximum en termes de croissance organique et de synergies. Le maître-mot, c’est le cross-selling, c’est-à-dire le développement de ventes de produits et de services beaucoup plus diversifiés pour nos clients. Notre réorganisation doit nous permettre d’atteindre nos objectifs stratégiques.

À l’horizon 2025, notre objectif est que nos activités existantes pèsent 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires [736,6 millions d’euros l’an dernier] et que le résultat opérationnel des activités atteigne 100 millions [50,7 millions l’an dernier]. S’y ajouteront les croissances externes avec une cible totale de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2025.

Quelle sera la vocation du pôle diversification ?
Michaël Fribourg :
 Ce pôle n’a pas encore été activé. Il vise à offrir à Chargeurs des opportunités dans des niches d’activités complémentaires de ses métiers principaux. Mais il n’a pas vocation à devenir le cœur stratégique de Chargeurs et mobilisera peu de ressources. Je rappelle aussi que tout au long de ses 150 ans d’histoire, le groupe a toujours été diversifié. Nous continuerons de privilégier des activités à forte rentabilité et résilientes dans les périodes de crise.

Concernant la conjoncture, comment faites-vous face à l’inflation des coûts dans vos métiers ?
Michaël Fribourg :
 Les métiers de Chargeurs sont bien adaptés à un contexte d’inflation. Nous sommes leaders mondiaux dans la plupart de nos activités et nous disposons d’un fort pricing power qui nous permet de répercuter dans nos prix de vente les coûts des matières premières et les coûts salariaux. Le groupe a aussi développé ces dernières années une forte culture d’optimisation de son organisation industrielle et de son offre produite. Tout cela s’est traduit au premier semestre par un résultat opérationnel courant de 25,4 millions d’euros, dépassant les niveaux d’avant-pandémie.

Innovation stratégique

Constatez-vous un ralentissement de la demande sur vos marchés ?
Michaël Fribourg :
 Nous observons toujours une dynamique élevée au sein du groupe. Le pôle Chargeurs Museum Studio a gagné plusieurs grands contrats et son carnet de commandes lui assure une visibilité de 4 années de chiffre d’affaires. Les carnets de commandes de Chargeurs PCC Fashion Technologies se situent aussi à des niveaux records et l’activité de Chargeurs Advanced Materials résiste bien. Dans un environnement qui restera volatil, Chargeurs continuera de faire la différence par l’innovation stratégique, à l’image de l’activité healthcare que nous avons lancée en pleine pandémie et avec laquelle nous avons vendu pour plus de 500 millions d’euros de produits sanitaires (masques, blouses, gels, etc.).

Quelle place tient la croissance externe dans votre stratégie ?
Michaël Fribourg :
 Nous avons fait une quinzaine d’acquisitions dans le monde entier au cours des sept dernières années. Ces opérations ont joué un rôle très important dans la transformation du groupe, lui permettant d’établir ou de conforter ses leaderships. Nous allons poursuivre dans la voie de la croissance externe, en visant des sociétés de plus grande taille, c’est-à-dire d’au moins 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.

La remontée des taux d’intérêt peut-elle compliquer le financement de vos futures acquisitions ?
Michaël Fribourg 
: Chargeurs dispose d’une structure bilancielle solide avec un ratio dette nette sur fonds propres de 0,5 fois à mi-exercice. Notre niveau de liquidités disponibles a été récemment renforcé et dépasse les 400 millions d’euros. Nous avons déjà anticipé le refinancement de nos futures échéances de dettes. La signature financière de Chargeurs est très forte.

Transmission et ambition

Quelle est votre politique en matière de dividende ?
Michaël Fribourg :
 Nous avons pour politique de distribuer à nos actionnaires un dividende régulier, correspondant à un peu plus de 50% du résultat net annuel. Grâce à sa discipline financière, Chargeurs verse aussi chaque année un acompte.

Pourriez-vous céder un jour tout ou partie de Chargeurs ou voyez-vous l’entreprise comme potentiellement l’œuvre d’une vie ?
Michaël Fribourg 
: Il existe peu de groupes industriels aussi anciens que Chargeurs qui se sont réinventés avec autant de succès. Je suis inscrit dans une perspective de long terme vis-à-vis de cette magnifique entreprise pour la transmettre ensuite aux générations suivantes. Mon ambition est de faire de Chargeurs l’un des 40 plus grands groupes français à l’horizon 2030. En signe de confiance, le holding du groupe familial Fribourg a acheté en septembre 34 000 titres sur le marché, portant sa participation à 26,46% du capital et 29,9% des droits de vote.

Propos recueillis par Olivier Dauzat – Source : Le Revenu.fr